"L'Exobiologie est une filière scientifique qui est considérée comme très jeune, puisqu’on n’a commencé à utiliser le terme EXOBIOLOGIE qu’à partir de l’année 1960. La NASA décrit l’Exobiologie comme une science qui a pour but la compréhension de l’origine, l’évolution, la distribution et le futur de la vie dans ...
"L'Exobiologie est une filière scientifique qui est considérée comme très jeune, puisqu’on n’a commencé à utiliser le terme EXOBIOLOGIE qu’à partir de l’année 1960. La NASA décrit l’Exobiologie comme une science qui a pour but la compréhension de l’origine, l’évolution, la distribution et le futur de la vie dans l’Univers. Ce qui diffère peu de la vision de l’ESA qui estime que le but de l’Exobiologie c’est d’étudier les limites de la vie, la survie dans l’espace, l’origine de la vie et comment la protéger sur Terre et ailleurs. Nous approcherons donc ce sujet des astéroïdes du point de vue d’un biologiste. Vous allez voir que nous avons plein de choses en commun avec ces roches qui errent dans l’espace… Il y a 65 millions d’années…Un visiteur spatial croise la ballade tranquille de la planète terre dans l’espace. Cette roche de 10km s’approche de la planète bleue à une vitesse de 22km par seconde. Pour finir écrasée à la surface, dans un impact aussi violent que 300 millions de bombes nucléaires. Cet impact libère des quantités gigantesques de cendre et de poussières, qui se propagent sur tout le globe au bout de quelques semaines. La lumière du soleil est ainsi complètement éclipsée et la terre plonge dans les ténèbres. Les températures chutent et un hiver glacial s’installe pendant des années. Le cratère crée par l’impact fait 180km de diamètre et se trouve dans l’actuel Yucatan au golfe du Mexique. Cette catastrophe est tenue responsable de l’extinction des dinosaures. Les scientifiques jugent qu’un tel cataclysme peut survenir tous les 100 millions d’années. Des évènements de catégories inférieures sont plus fréquents, cependant ils ne sont pas à négliger car ils représentent toujours des menaces. En 2013 un Astéroide a explosé dans le ciel près de Chelyabinsk en Russie et dont un fragment a fait un trou de 50 metres dans la croute de glace qui recouvrait le lac de Chebarkoul. Ce genre d’incident est assez fréquent, estimé à une fois par siècle et souvent même plus. Un caillou spatial de volume plus au moins important pour qu’on arrive à recueillir des kilos d’échantillons nous livre du précieux matériel scientifique. Ainsi, on estime le nombre de météorites récupérés entre 1976 et 2017 à 56.663 dont la plupart ont été retrouvés dans les déserts glacés ou au Sahara y compris dans le sud Tunisien. Les astéroïdes (qui une fois écrasés à la surface sont dénommés météorites) sont classés en fonction des éléments qui caractérisent leur composition. On distingue donc des classes comme la classe M (pour métalliques), le groupe C (pour carbonés) et le groupe S (pour silicates). En 1992 dans une publication scientifique apparue sur le prestigieux journal Nature, deux icones de l’astrobiologie : Christopher Chyba et Carl Sagan déclarent ce qui suit : « Les sources de molécules organiques sur la Terre primitive se divisent en 3 catégories : Une catégorie qui a été livrée par les objets extra-terrestres, une catégorie synthétisée dans les conditions induites par les impacts violents et une catégorie synthétisée par d’autres sources d’énergies. » Ainsi les astéroïdes sont une sorte de transporteurs de matériel organique et inorganique qui vagabondent à travers l’espace. Nous on s’intéressera spécialement aux types C ou les objets spatiaux riches en carbone. D’après-vous, en analysant des échantillons de tels objets, que pourrons-nous trouver ? Et bien les scientifiques ont détecté des acides aminés, des ébauches de peptides et spécialement de Glycine, de la Glycine extra-terrestre. C’est les chercheurs de l’université de Tsukuba qui sont à l’origine de ce travail. En 2001 ils avaient analysé des échantillons de 2 météorites, Murchison et Yamato et ils y avaient retrouvé des dimères de Glycine et du Cyclo-glycine-glycine. Pareillement ils ont pu confirmer que ces composés ne sont pas terrestres. Comme vous pouvez le voir, la Glycine est un composé élémentaire qui rentre dans la formation des peptides et donc des protéines. Ce n’est pas tout, vu que d’autres équipes de chercheurs ont aussi pu détecter des bases nucléiques qui sont les briques élémentaires permettant de coder l’information génétique. Zita et al avaient identifié l’Uracile et la Xanthine dans les échantillons de météorites analysés. De plus les tests ont permis de confirmer que ces bases nucléiques étaient propres au météorites et non d’origine terrestre. L’Uracile dans votre corps vous le trouver dans votre ARN et c’est votre ARN qui permet la synthèse des protéines dont vos cellules ont besoin. Dans cet article publié en 2008, les auteurs déclarent que : « les météorites riches en carbone contiennent des molécules organiques d’intérêt biologique. Ils ont livré du matériel prébiotique à la Terre quand elle était une jeune planète. » Ils ajoutent que : « d’après les résultats de leur analyse des isotopes de carbone, les purines et les pyrimidines mesurées sont indigènes du météorite Murchison. Ainsi l’Uracile et la Xanthine détectées sont d’origine non-terrestre. » Un groupe clé dans la chimie du vivant a aussi été retrouvé en étudiant les météorites. C’est les acides gras. Les acides gras c’est ce qui permet à vos cellules et à toutes les cellules vivantes de former leurs membranes phospholipidiques ainsi que les vésicules. Ce travail très récent qui fait le lien entre les membranes cellulaires et les acides gras retrouvés sur les météorites Murchison et Tagish Lake suggère que : « lorsqu’ils se sont écrasés sur la Terre (jeune planète à l’époque) ils auraient été une source clé de matériel prébiotique. » Ensuite, et très récemment, une étude publiée il y à peine quelques jours dans Nature annonce la découverte dans les échantillons de météorites, d’un composé organique à la structure très proche des sites actifs d’hydrogenases. Les hydrogenases sont des enzymes très importantes et très anciennes qui auraient permis le développement des bactéries primitives sur la jeune planète terre en leur fournissant l’énergie nécessaire au fonctionnement de leur métabolisme à partir du dihydrogène qui à l’époque était abondant dans l’atmosphère terrestre. En fait Karen Smith et ses collaborateurs expliquent dans leur article que les météorites auraient ainsi livré des complexes « Cyanocarbonyl ferreux » à la planète terre quand elle était encore stérile. Ce « Cyanocarbonyl ferreux » météorique aurait servi comme précurseur aux sites catalytiques observés chez les hydrogenases bactériennes, décrites comme faisant partie des plus anciennes enzymes du règne vivant. Je tiens à vous dire que, de tels objets ne sont pas uniquement des voyageurs du système solaire. Depuis 2016 on sait que des objets interstellaires peuvent aussi croiser notre chemin. C’est le cas du visiteur apparu par surprise en 2016 et appelé Oumuaoumua, qui est arrivé de l’espace interstellaire (entre les étoiles) selon une trajectoire quasi perpendiculaire au plan réunissant les objets appartenant au système solaire et qui après avoir fait un détour par le soleil est parti en interceptant de nouveau ce plan entre l’orbite de la Terre et l’orbite de Mars. Qu’est ce qui rend Oumuaoumua intéressant pour un biologiste ? C’est la présence d’une couche de tholins. Ce sont des composés organiques (hétéro-polymères) qui en présence de l’eau représentent des briques de base pour la biochimie prébiotique."